Alors que l'agitation sur les quais se fait plus présente, les hommes du connétable commencent à s'installer à bord du navire. Leurs bottes résonnent lourdement sur le pont de bois alors qu'ils prennent position, alignés avec une discipline militaire impeccable. Les caisses et équipements sont rapidement chargés. L'équipage, habitué à la rigueur militaire, les assiste en silence, leurs mouvements synchronisés par la routine. D'un signe de la main, Orla Lycaeus, postée sur le quai, observe les préparatifs d'un œil attentif, un pli soucieux barrant son front. Elle porte son regard vers vous, toujours rassemblés à proximité, et vous invite d'un geste discret à monter à bord. Ses yeux suivent chacun de leurs pas avec une attention soutenue, comme si elle pesait mentalement le poids de leur implication dans cette mission.

Alors que la dernière caisse est arrimée et que l'équipage prend sa position pour appareiller, Orla s'avance légèrement, ses lèvres se mouvant imperceptiblement, comme si elle hésitait à ajouter quelque chose. Finalement, elle reste silencieuse, se contentant d'un dernier regard, lourd de sous-entendus et d'attente. Le navire s'apprête à quitter le port, emportant avec lui la fine équipe de militaires et spécialistes, vers l'inconnu de cette mission dangereuse et mystérieuse.

Bill accueille avec circonspection l'arrivée de Kaito ainsi que les échanges qui ont lieu entre les différents protagonistes. Nul mouvement d'euphorie ou d'agacement n'accompagne l'annonce de sa prise en charge de la situation. Sa seule réaction sera ainsi de se gratter nonchalamment la barbe avant de lancer un hochement de tête entendu à Soren puis d''embarquer avec ses collègues sur le navire.

Un peu plus tard, alors que le bâtiment maritime se déplace en direction de leur objectif, le Lieutenant MacFotia se retourne vers ses hommes occupés à se servir dans les équipements disponibles. Auprès d'Hugo se trouve une femme d'un certain âge au gabarit impressionnant, Jeanne aka Rempart. Elle est accompagnée d'une comparse bien plus jeune à la chevelure solaire, Pauline, dit Blondie. Un homme assez grand et large, Bobby, vient compléter l'équipe. "Bon, on va pas se mentir les gars." Un bref soupir. "Si j'dirige la mission, c'est que c'est la merde." Il invite d'un mouvement de la main les cinq membres de la sécurité à les rejoindre ou, à minima, à l'écouter. "On part en aveugle alors attendez-vous au pire." Il braque son regard sur les différents membres de son équipe avant de poursuivre. "On ouvre les yeux. On garde un œil sur ses copains et, surtout, on prend pas d’initiative à la con !" Un silence pour maquer ses paroles avant d'aboyer ses directives. "Rempart, tu prendras la tête. Blondie, avec elle. On suivra derrière avec Varun (Hugo)." Il tourne son visage en direction des personnes qu'il ne connait pas -- excepté Soren -- mais dont il ne doute pas des compétences au vu de l'ordre exceptionnel de la mission. "Les gars de la sécu, vous vous occuperez de nos arrières." ... puis pointe du doigt le dernier soldat, un peu plus épais que les autres. "Bobby, tu restes avec le patron, entre les deux, si m'sieur est d'accord ?" Un bref coup d’œil en direction du fils de la marquise pour vérifier qu'il ne conteste pas.

"Hugo, tu m'regardes les plans et tu nous trouves la meilleure entrée" conclut finalement Bill en jetant lui-même un bref regard dans le dossier fourni par Orla. Au bout de quelques instants, il relève finalement la tête et, pensif, pointe son regard en direction du personnel qu'il ne connait pas.

Instantanément elle jalousa tout l'étalage d'équipement qui avait pris ses quartiers avant elle sur le pont du vaisseau de marine. Elle, la lame, fleuron de l'artisanat lykeen, elle ne pu s’empêcher d'être jalouse face à ce matériel standard qui pouvait à tout moment venir s'agripper au gilet tactique de son petit caporal, se cramponner à mousqueton, glisser avec aisance dans une poche. Pourtant elle devait le connaitre un peu, mieux d’ailleurs que ce lieutenant sans manière. Cela dit elle préférait largement celui-ci à quiconque pouvait se montrer trop prévenant envers son bonhomme.
Peut-être Hugo avait-il ressenti sa défiance ? Peut-être avait-elle présumé à tort qu'il eu un penchant matérialiste en ce moment ? Toujours fut-il que le jeune homme, à la requête de son officier, mit la main avec un certain enthousiasme sur les plans du bâtiment qui était leur objectif.
S'il y avait eu un gros temps les heures précédentes, la surface des eaux s'était depuis radoucie. Tant mieux, déjà que la lame détestait les embruns salés comme les humains craignaient les poisons. Hugo n'avait pas besoin de maitriser sa balance outre mesure pour se déplacer sur le pont sans paraitre maladroit. Une main sur la rambarde, il longea le tribord du patrouilleur, gravissant quelques degrés métalliques qui résonnèrent sous ses bottillons, pour rejoindre le pont avant. Adossé au cockpit il se laissa glisser tranquillement les pieds croisés pour se retrouver en tailleur. Pour ne pas qu'elle fut abandonnée sur la tôle humide d'eau marine, il déposa son épée dans son écrin sur ses cuisses où elle s'y lova comme une chatte possessive, tandis que son caporal dépliait la carte pour l'étudier minutieusement.

« Si vous n’avez plus de questions, je vous laisse embarquer. Que la mer vous soit favorable. »

Soren écoute les réponses à ses questions en silence fixant Orla sans sourciller, notant des éléments sur son éternel carnet. A l'issue de la prise de parole pour apporter les différentes réponses, il jette un regard à Garrick Senn en haussant les épaules avec un air crispé puis va vérifier le matériel préparé par les cinq gardes désignés pour participer à l'expédition, en plus de leur matériel personnel, dans une longue litanie ("Lampe ?" "OK" "menottes supplémentaires ? " "OK" "sangles et corde ?""OK" "matériel de secours ?" "OK" ...), inspectant armes, munitions et armures par précaution. Il supervise ensuite leur montée à bord et veille à ce que les sacs de matériel soient stockés dans les meilleures conditions.

"Les gars de la sécu, vous vous occuperez de nos arrières."

La mission annoncée, Soren répartit les gardes en différentes configurations en fonction des événements et des situations.

-"Binôme 3 = Nokoa et Bren. Binôme 2 = Dien et Caraugh. Binôme 1 = Nialam avec moi. Si on passe en deux colonnes, Nokoa bascule en trinôme 2 et Bren en trinôme 1. Par principe, le 1 est l'unité de contact". Mission : boucler les arrières. Progression en décalé avec les codes habituels. Mode silence. Consignes et alertes au geste. A défaut en radio. En cas de panne radio, et uniquement dans ce cas, consignes et alertes au sifflet. Ouverture du feu : sur ordre. Tir ou frappe d'initiative uniquement en défense, personnelle ou cible amie.Si vous n'avez pas de questions, c'est bon pour moi.

Une fois les consignes données, il répartit le matériel de transmission et fait vérifier son fonctionnement et l'approvisionnement en énergie. Il établit ensuite un tour de veille sur les cinq gardes, laissant aux autres le temps de dormir pour arriver les plus frais possible, les 24h suivantes pouvant être éprouvantes.

Tandis que ses compères se servent parmi le matériel disposé à même le pont du navire, Bill préfère s'accouder à la rambarde et porter son regard sur l'immensité liquide qui s'étend devant eux. Il ne s'occupe pas des gars qu'il entend bruyamment farfouiller dans son dos. Une injure est lâchée. Une vanne... Des rires. Tout pour s'occuper l'esprit et détendre l'atmosphère avant le moment fatidique. Ce sont des professionnels. Ils connaissent par cœur l'équipement à embarquer pour ce genre de mission et savent également que le plus long c'est... l'attente.

Quelques minutes plus tard, les hommes, satisfaits de leurs prises, commencent à s'éparpiller aux quatre coins du rafiot. Certains préfèrent s'isoler tandis que d'autres recherchent au contraire la compagnie de leurs pairs. Bill profite de cet instant de solitude passager pour se diriger à son tour vers les équipements. Il pose son sac sur le pont puis retire une partie du matériel de survie qu'il avait préparé tantôt, conservant le nécessaire pour 48 heures -- nourriture, eau, équipement médical de base, torche.... L'officier récupère également plusieurs sacs hermétiques dans lesquels il glisse les différents composants explosifs qu'il a emporté : deux fioles de thermite, des détonateurs, plusieurs fils... Il laisse dans son emballage le mélange de cyclotriméthylènetrinitramine et de tétranitrate de pentaérythritol qui ne craint pas vraiment l'eau et se saisit également de plusieurs chargeurs de fléchettes avant de refermer son sac d'un geste sec. Sa dextre vient ensuite vérifier l'omniprésence de la petite trousse à outil dans la poche avant de sa veste. Il se saisit ensuite d'un gilet de protection qu'il revêt par-dessus sa veste avant de se redresser et d'enfiler de nouveau son sac à dos tactique. Une petite collection de grenades à main et deux chargeurs viennent s'associer aux lanières et il vérifie que le tuyau du camelbak soit bien dégagé et facilement accessible. L'interrupteur du bouclier reste aussi à courte portée de main.

Le pistolet à projectiles toujours sur sa hanche -- et sa lame courte de l'autre côté -- l'officier glisse d'autres chargeurs dans les poches latérales de son pantalon, ainsi qu'une seconde lampe torche, puis se saisit d'un fusil semi-automatique à fléchettes sur lequel il fixe une lunette de visée de moyenne portée. Les longueurs de couloir de la base étant assez courtes, s'encombrer d'un fusil de sniper semble peu pertinent. Ses compères s'étaient d'ailleurs principalement munis de fusils mitrailleurs. Étant probablement le plus apte de la troupe dans cette compétence, la responsabilité reviendrait de toute façon à Bill de se charger d'éventuels tirs de précision. Presque satisfait de ses emplettes, il attrape enfin un masque à gaz qu'il accroche à sa ceinture puis passe la sangle du fusil autour de sa tête afin de le porter en bandoulière.

De son habituel pas nonchalant, il se dirige dans la direction qu'a prise Hugo un peu plus tôt. L’apercevant assis sur le sol même du pont, Bill s'arrête à une distance respectueuse du jeune Caporal avant d'élever la voix. "Alors ? Quelles sont nos solutions ?"

Bill acquiesce en silence, portant à son tour un regard pensif sur le plan étalé devant lui par le jeune homme. Perdu dans ses pensées, ses prunelles naviguent inlassablement d'une pièce à l'autre, tenant d'élaborer la meilleure stratégie possible en fonction des circonstances... ce qui reste tout bonnement impossible sans connaitre l'état du bâtiment. Le temps s'égrène ainsi pendant quelques minutes dans un silence réflexif tandis que l'officier reste debout à observer le document à l'envers. Il hoche finalement de nouveau la tête puis tape dans ses mains. "Bon ! On va partir du principe que l'premier niveau est aisément accessible et on avisera par la suite pour le sous-sol. Et si c'est pas le cas, on improvisera." Il porte ensuite deux doigts à sa bouche et se retourne en direction du cœur du navire pour expirer violemment, entrainant un sifflement sonore strident, intimant aux autres militaires de ramener fissa leurs fesses par ici.

[...]

"Alors voilà comment ça va se passer." commence Bill alors que l'ensemble des participants engagés dans la mission l'ont rejoint -- aussi bien les hommes d'armes que les forces de l'ordre. "Globalement, on sécurise pièce par pièce, et toi et tes gars, vous vous occupez de fouiller et d'faire ce qu'il faut." Bill adresse un hochement de tête entendu en direction de Soren. "On arrive par là." Il pointe l'entrée (1) au niveau 0 du plan. "Avec mon équipe, on rentre dans la salle de réunion (2). Vous gardez la position dans le couloir." Son doigt glisse le long du document. "On modifie les binômes. -- Sauf toi Bobby ! Tu restes toujours avec le patron. -- Rempart et moi, on s'occupe de la pièce au Sud (6). Hugo, avec Blondie, vous sécurisez la salle technique (3) puis l'ensemble des pièces en enfilade (4,5). On vous rejoint avec Rempart dès qu'on a terminé de notre côté. Une fois que tout est ok, on retourne dans la salle de réunion (3) et on inverse de position avec les collègues du couloir." Bill regarde tour à tour chacun des hommes pour vérifier qu'ils aient bien saisi la manœuvre, au final, assez simple. "Pendant que Rempart et moi on reste à l'entrée du couloir, vous autres... " il désigne le Caporal et son binôme d'un geste. "... vous partez au bout... "son doigt glisse le long du corridor. "... et vous me vérifiez les toilettes(7), la réserve (8) puis l'état de l'ascenseur (9). On se regroupe à la position initiale (1) quand c'est fait."

"Une fois que les copains ont terminé ce qu'ils ont à faire dans la salle de réunion, on sécurise le laboratoire (10)..." Bill indique cette fois la pièce à gauche du couloir "... puis le coin botanique (11) et on laisse rentrer nos enquêteurs en stationnant à moitié dans le couloir et à moitié face à l'ascenseur du labo." Sa dextre abandonne définitivement le document pour venir gratter sa barbe particulièrement mal rasée. "On avisera la suite à ce moment-là... Si on rencontre des difficultés avant même d'arriver ici, on s'adapte, on improvise, et on garde les grandes lignes." L'officier garde le silence quelques instants avant de poursuivre. "Au vu des recherches effectuées dans le laboratoire, masque à gaz pour tout le monde tant qu'on a pas vérifié la qualité de l'air. Et prenez aussi des recycleurs au cas où le niveau inférieur serait immergé." Il désigne le tas de matériel de plongée qui contient des masques ainsi que de petits appareils en plastiques constitués de petits embouts buccaux associés à des bouteilles d'oxygène, permettant de respirer sous l'eau une bonne trentaine de minutes -- à condition que la pression ne soit pas trop élevée. "Des questions ?" finit-il par dire.

"Des questions ?" finit-il par dire.

Soren regarde la carte d'un air froid, perdu dans ses pensées pendant un moment, écrivant de temps en temps sur son carnet.

-" Dès l'arrivée, il faut s'assurer de la viabilité de l'alimentation électrique. Ca va conditionner beaucoup de choses, outre l'éclairage, notamment ca peut jouer sur certains systèmes de verrouillage. Idem pour les stockages de données, sans oublier l'ascenseur pour la partie basse".

Il continue de fixer la carte, son crayon passant entre ses doigts dans d'élégantes rotations surprenantes dans une aussi grosse main.

-"Et sans vouloir vous apprendre votre boulot, attention où vous foutez les pieds. Sans parler de piège, il y aura peut être des flaques de trucs pas bien propres … D'ailleurs, vu le stockage de saloperies dont cet endroit s'est fait une spécialité, je déconseille un usage d'armes à feu hors de la zone de vie. Si vous perforez une bassine de merde toxique ou un tuyau de maintenance, on n'est pas dans la panade ...".

La danse du crayon s'accélère de plus en plus, avec une étonnante aisance, d'autant que le mouvement semble être un total réflexe vu qu'il reste concentré sur la carte.

-" Au niveau des reconnaissances, il faut éviter au maximum de mettre le merdier, d'abimer les traces présentes, de déplacer les objets et les corps ... En clair, comme depuis le temps qui s'est écoulé depuis le ou les incidents, pas mal d'éléments sont probablement perdus ou dégradés, autant ne pas saloper ce qui reste.".

Les mouvements du crayon s'arrêtent net sur une rotation vive du poignet alors qu'il rouvre son carnet pour noter une autre série de mots.

-" Il faudra prévoir de maintenir une veille au niveau de l'accès principal pour rester en contact avec l'équipage du bateau qui, lui, assurera la veille extérieure. Si la tempête revient ou si des visiteurs extérieurs arrivent, il va falloir réagir vite".

Il replace lentement le crayon dans le logement situé dans la couverture du carnet tout en parlant.

-"Sans compter qu'il va falloir prévoir une zone de recueil pour dormir, manger, se réchauffer si on doit passer des heures dans la flotte, soigner d'éventuels blessés et stocker ce qu'on doit ramener. Mais, forcément, pas au contact direct de l'accès. Sécurité oblige. Garaugh ... Comment dit le connétable, déjà ? ".

Le carnet rejoint tranquillement l'étui prévu à sa ceinture.

-" Il dit "Ca va sans le dire mais ca va mieux en le disant", Lieutenant ".

Il détache enfin ses yeux de la carte, hochant la tête avec un demi-sourire.


-" C'est ça ... Merci, Garaugh. Bref ... C'est bon pour moi ".

Bras croisés sur le torse, Bill conserve un silence poli tandis que Soren émet plusieurs pistes de réflexion à voix haute. Ses yeux virevoltent de nombreuses fois du plan jusqu'aux mains du Lieutenant, son crayon, son calepin, puis retour au plan, et ainsi de suite de multiples fois. Un bref arrêt en direction du visage du Caporal, suivi de tous les autres membres de l'équipe en commençant par ses hommes et finissant par Kaito. Le regard évaluateur et froid d'un officier qui a commandé de nombreuses missions sous un climat hostile voire désespéré, et qui sait reconnaitre les signes de la peur, du stress ou encore de la fatigue. Ces prunelles agitées se fixent un instant. Les sourcils se froncent. Plusieurs rapides battements de cils...

Karasu a écrit : ↑02 oct. 2024, 18:32

-" C'est ça ... Merci, Garaugh. Bref ... C'est bon pour moi ".

Bill secoue très légèrement la tête latéralement, comme s'il cherchait à s'éclaircir un esprit empreint de sombres pensées inutiles. "Bon, on va déjà nettoyer le premier étage." commence-t-il. "Le périmètre est quand même assez p'tit, on devrait pas y rester la journée. Si tout se passe sans accroc majeur, on positionnera surement la zone d’accueil dans la salle de réunion." Un hochement du menton en direction de cette pièce sur le plan. "Mais si on r'trouve certains de nos scientifiques, j'aurai plutôt tendance à les évacuer vers le navire, histoire qu'on ait pas à le faire en urgence si le temps dégénère. On laissera aussi un gars ou deux avec eux si ça doit arriver." Il hausse finalement les épaules. "On improvisera sur place de toute façon."

"A ce propos..." Il porte son regard sur l'horizon où commence à se distinguer une tâche gris informe. "Si tout est dit, on va pas tarder... Finalisez votre barda." conclut-il tout en se saisissant lui-même d'une paire de lunettes de plongée et d'un recycleur.