[CAMPAGNE] Sous la surface | Clôturé

[Pactole]

Quant à Imann, son esprit était déjà alerte après la scène de chaos dans la pièce. Il eut soudain l’impression que le sang sur les draps semblait bouger légèrement, comme s'il coulait à contre-courant, formant des motifs abstraits qui ressemblaient presque à des symboles.

Imann sombrait rapidement, ne parvenant plus à distinguer le réel. A mesure qu'il perdait pied et sombrait dans la folie, son sourire s'effaçait.
Son visage était devenu froid et son regard glacial laissait entrevoir des pulsions violentes.

Un éclair de lumière se réverbéra dans la pièce, et pendant un instant, il crut voir des visages dans les taches de sang, des expressions de terreur muette qui le fixaient.

Vous! Cria Imann, le regard empli de fureur.

Mû par la haine, Imann avait saisi un scalpel laissé sur un plateau d’infirmière et se mit à larder frénétiquement les visages fantasmés. Plus il surinait et plus sa folie semblait grandir, intensifiant les coups portés, estafilant tout ce qui pouvait l'entourer.

Puis il s'arrêta net, le souffle haletant, il regardait en direction d'Amaléa. Il l'a discernait parfaitement, comme un phare dans la nuit.

Ce bref répit à l'abri de l'agitation lui permet de placer ses mains sur les yeux d'Amalea. Espérant dissiper la terreur irrationnelle qu'elle ressent, Keith tente le tout pour le tout. Avec calme et détermination, il s'approche de son oreille et murmure : « Docteur... écoutez ma voix. Rien de tout cela n'est réel. Ce que vous voyez, ce que vous ressentez... c'est une illusion, un mirage de votre esprit. Respirez... sentez l'air entrer dans vos poumons. Vous êtes ici, avec moi. »

Empli de colère, Imann s'était projeté en direction du Docteur Carlyle. Scalpel à la main, ses intentions étaient claires.

[Encres Nomades]

Inspirer. Expirer.

Il ne suffit que de quelques minutes balbutiées par l'obscurité désormais palpable pour que la folie s'empare de la chambrée, avec une violence telle que Siltaar en demeure abasourdie, comme abêtie par le surréalisme de ce qui se joue sous sa mire impuissante. La tension déjà insoutenable se mêle à la rumeur de cris de terreur et de râles de douleur, les patients se relayant dans ces instants de delirium tremens en désertant leur couche médicalisée. Et les voilà qui, traînant la patte après s'être littéralement arrachés à leur tubulure, s'en viennent jusqu'à cette partie de la chambre où l'Artiste se trouve auprès de la modeste équipe médicale, du docteur Carlyle et d'Imann Kand. Les mains levées vers elle, le repli de leur coude harcelé par la danse d'un cathéter suintant de sang, certains la convoitent en personne, la superposant à leurs visions oniriques. Elle n'a d'autre choix que de reculer pour éviter l'irréparable d'un acte offensif. À ses oreilles lui parviennent alors les hurlements conjoints de l'infirmière et du docteur Melzi que Keith, dans un sursaut de lucidité, parvient à atteindre pour tenter, peut-être, d'en apaiser l'humeur aliénée.

Un coup d’œil prudent lui fait sombrement apprécier le profil frappé de haine du maître-pâtissier qu'elle a du mal à reconnaître tant son faciès à l'éternel sourire a disparu sous le joug de la folie ambiante. Reculant, tel un crabe, dans la venelle séparant les rangées de lits, elle ne peut que s'effrayer à la vue du scalpel fendant l'air contre quelque spectre qu'il est le seul à voir. Et ce scalpel de cesser brusquement sa danse cependant qu'Imann s'immobilise pour considérer le médecin Suk et le docteur Carlyle... Avant de bondir vers ce dernier, l'instrument de chirurgie au clair !

— … Imann-... ! Non-non-NOOON ! crie-t-elle alors avant de s'élancer vers lui pour tenter de l'arrêter dans son geste inconscient, quand bien même doit-elle repousser les doigts agressifs de quelque patient fou à lier et déjà trop proche.

Arriverait-elle à temps ?

[Yiajmhat]

Alors que Zak'm approchait lentement de l'infirmière, l'obscurité se refermait de plus en plus autour de lui. Ce n'était plus simplement l'absence de lumière, mais une noirceur oppressante, presque palpable, qui semblait grignoter les contours de la réalité. Puis, dans cette pénombre mouvante, les ombres commencèrent à s'immiscer, horriblement réelles.

D'abord, ce furent des vibrations rampantes qui surgirent des coins de la pièce, des silhouettes humanoïdes mais distordues, tordues de manière grotesque. Leurs membres étaient trop longs, leurs têtes asymétriques, comme si des figures cauchemardesques essayaient de s'extirper du néant. Leurs yeux étaient des orbes vides, sans lumière, mais d'une profondeur noire qui semblait aspirer tout ce qui les entourait. L'une de ces créatures se détacha du mur et, d'une lenteur macabre, commença à glisser sur le sol en direction de Zak'm. Son corps semblait fait de chair en décomposition, émettant un bruit humide et viscéral à chaque mouvement, tandis qu'elle étendait des mains griffues, couvertes d'une substance visqueuse, vers lui. Une odeur pestilentielle monta à ses narines, un mélange de sang coagulé et de moisissure, et Zak'm sentit un haut-le-cœur monter en lui.

Son esprit s'emballait. Il cligna des yeux, essayant de chasser cette horreur de son champ de vision, mais chaque battement de cils semblait intensifier l'illusion. Des visages écorchés commençaient à se matérialiser autour de lui, des êtres autrefois humains, leurs bouches distendues dans des cris muets, laissant couler des rivières de sang qui s'étiraient en longs filets visqueux jusqu'au sol. Leurs orbites vides paraissaient le fixer, le juger, et il avait l'impression d'entendre des murmures inaudibles se répercuter dans ses tempes. Puis, soudain, une silhouette gigantesque apparut, remplissant l'espace de toute sa hauteur. Une créature aux ailes décharnées, son torse palpitant de veines noires. Ses yeux rougeoyants fixèrent Zak'm avec une haine palpable, tandis que ses mains griffues se tendaient vers lui, comme pour l'aspirer dans l'obscurité infinie de son corps.

L'infirmière aussi était piégée dans son propre cauchemar, ses yeux écarquillés regardant dans le vide, ses lèvres murmurant des prières incohérentes. Et alors que Zak'm commençait à enrouler le tissu autour de ses poignets, dans une explosion de mouvements désespérés, elle tenta de lever son scalpel vers l'une de ces visions cauchemardesques, comme si elle voulait se défendre contre des ennemis invisibles, frolant dangereusement le Vothian.

Sur son chemin vers l'infirmière, Zak'm se sentit lui-même essayer d'écraser cette indescriptible chose venue ramper à ses chevilles pour y refermer ses doigts décharnés et oblongs. Ces créatures n'existaient pas, n'est-ce pas ? N'est-ce pas... ? Les mâchoires closes devant le remous nauséeux s'emparant de son estomac lorsque la pestilence lui assiège les narines, le vothian enserre les poignets de celle partageant sa folie à deux. Il aspire malgré lui à se protéger de son arme mais aussi et surtout à la protéger, elle, d'une irrémédiable blessure qu'elle saurait s'infliger dans son état. Désormais, le maître d'armes comprenait sa terreur, son épuisement et le portrait qu'elle lui avait fait de ces hallucinations. Ces immondes monstres que l'obscurité vomissait à tour de bras hérissait toutes les fibres de son corps pressé contre celui plus frêle de la jeune femme. Fuir. Il espérait fuir. Car devant l'absence suspecte d'interrupteur, il n'avait pu s'assurer de rester près d'une source de lumière suffisante. Le battant n'était guère verrouillé derrière lui, mais l'atteindre relevait d'une épreuve que son cœur épris de terreur peinait à envisager. Les yeux clos pour se libérer au moins de ce sens effroyable en dépit des sons craquelants, gluants et menaçants qui l'oppressait, il confie à sa pauvre partenaire quelques mots.

— Répétez-vous ces mots : rien de tout ça n'est réel. Vous me l'avez dit vous-même, il n'y a aucun danger ici sinon des visions ! Ne vous agitez pas et suivez-moi, allons à la lumière.

Qu'elle adhère ou non à son discours, le réfugié avait la mainmise sur ses poignets liés qu'il essaie de contrôler fermement pour ne pas être tranché à son tour d'une lame contaminée. Ainsi le virus était volatile, car il n'était pas entré en contact avec la jeune femme avant cet instant fatidique, et son masque chirurgical ne lui avait rien apporté de plus. Tentant de reculer en tirant à lui ces mains crispées, Zak'm espère mener l'infirmière en pleine crise sous les halos du couloir qu'ils venaient de quitter. Mais son trajet n'allait guère s'avérer simple ; tâtant les murs du petit corridor de la pièce, ce qu'il sentait sous ses doigts lui rappelait tout de ce qu'il avait aperçu l'instant précédent. Ce qu'il captait comme de la chair amollie sous la pulpe sensible de ses mains nues lui infligeait autant de haut-le-cœur qu'il était possible d'en glaner, tandis qu'il s'imaginait autant d'insectes grouiller sous le papier-peint auparavant lisse et désormais comme traversé de petites carapaces filant sous son toucher abrupt. Le sol manquait de l'engloutir dans l'idée qu'il projetait d'un marécage de plus en plus tourbeux cependant qu'il atteignait la porte pourtant à deux mètres à peine de leur position, y écrasant sa dextre maladroite en espérant crocheter la poignée. Car ses yeux clos ne suffisaient pas à rompre le contact avec ces atroces hallucinations dont il percevait tout le reste de la présence. Un tambour de guerre battait contre son thorax, prêt à en déchirer la paroi pour s'échapper au grand jour tant l'angoisse était saisissante et plus vraie que nature. Toujours déverrouillé, le battant voulut claquer contre la paroi du couloir lorsque le vothian l'ouvrit en trombe tout en voulant se jeter hors de la pièce, sa senestre opprimant encore les poignets de sa prisonnière à qui il adresse des palabres pour l'assurer de sa présence.

Et sur ces entrefaites, le binôme de peut-être atterrir dans un endroit vastement plus dangereux lorsque Zak'm ouvre les yeux pour sonder les environs.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Athis fixa son oncle, droit dans les yeux.
— Nous devons agir rapidement. Les patients et le personnel sont en danger. Nous devons informer tout le monde de cette menace et mettre en place des mesures de sécurité immédiates.
Elle se rapprocha de lui, baissant la voix.
— Et mon oncle, soyons vigilants. Les effets de cette contamination peuvent être terrifiants. Nous devons rester ensemble pour surmonter cette crise, je ne veux plus être séprarée de vous à partir de maintenant.

C'est alors qu'il lui sembla entendre de drôles de bruits en provenance d'autres salles...

Osian blêmit immédiatement aux paroles d'Athis, ses traits se figeant de stupeur face à l'ampleur de la catastrophe qui se dévoile. Son regard oscille entre les lumières vacillantes du couloir et la détermination affichée par sa nièce. D'un geste brusque, il attrape son bras et l'entraîne dans le bureau adjacent, fermant rapidement la porte derrière eux.

— Il n'y a pas de temps à perdre, murmure-t-il, les yeux scrutant la pièce à la recherche d'une solution immédiate.

Il ouvre un placard en acier et en sort deux masques respiratoires, les manipule avec l'efficacité d'un homme accoutumé à ce genre de protocoles d'urgence. Il en place un avec soin sur le visage d'Athis, ajustant les sangles derrière sa tête. Ses mains tremblent légèrement, signe de la pression qui pèse sur lui, mais sa voix reste ferme.

— Je vais mettre l'aile en quarantaine, annonce-t-il en activant l'interrupteur d'une petite console sur le bureau. Je vais faire passer le message pour que tous les générateurs d'appoint soient activés. Il faut qu'on renforce l'éclairage autant que possible. Aucun coin d'ombre ne doit subsister, absolument aucun.

Il prend une inspiration mesurée, visiblement agité malgré son masque, puis pose une main rassurante sur l'épaule de sa nièce.

— Personne ne doit quitter cette aile, et surtout, personne ne doit s'éloigner des zones éclairées. Va transmettre tes informations, et garde bien ton masque.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Et sur ces entrefaites, le binôme de peut-être atterrir dans un endroit vastement plus dangereux lorsque Zak'm ouvre les yeux pour sonder les environs.

L'infirmière, toujours sous l'emprise des terribles hallucinations, se débattait avec une énergie désespérée alors que Zak'm essayait de la maîtriser. Ses yeux, grands ouverts, ne voyaient plus le monde réel, mais quelque chose de monstrueux et inimaginable. Ses lèvres tremblaient, et des gémissements de terreur s'échappaient, ses prunelles fuyant sans cesse une menace invisible. Le contact de ses poignets avec ceux de Zak'm semblait exacerber sa panique, comme si elle croyait qu'une autre créature venait de la saisir.

Sous l'étreinte de Zak'm, elle émit un cri perçant, une réaction à l'angoisse des visions qui l'envahissaient. Dans son esprit dérangé, les tentacules de créatures informes semblaient ramper sur sa peau, son corps étant pris dans une marée immonde, comme si elle se noyait dans une mare de cauchemars. Elle commença à décrire, entre deux halètements, des choses horribles : des ombres déchiquetées, des bouches sans fond prêtes à dévorer tout ce qui se trouvait sur leur chemin, des insectes géants surgissant des murs, fondant sur elle avec un bourdonnement monstrueux.

Quand Zak'm tenta de la tirer vers la lumière salvatrice du couloir, elle résista de toutes ses forces, croyant que le mouvement l'entraînerait encore plus profondément dans ce chaos infernal. Ses hurlements se transformèrent en rires hystériques, comme si elle avait perdu toute capacité de discernement, se voyant déjà condamnée à une horreur éternelle.

Chaque pas qu'ils faisaient vers la sortie semblait augmenter son désespoir, ses yeux cherchant désespérément une sortie, tandis que ses mains cherchaient encore à s'accrocher à une réalité qui lui échappait. Au moment où la porte claqua et que la lumière du couloir balaya la scène, elle s'immobilisa, comme foudroyée par une lueur d'espoir. De la lumière ... il fallait beaucoup de lumière.

[Lucia de Syracuse]

Amalea, complètement submergée par les hallucinations et le chaos environnant, s'était repliée sur elle-même. Recroquevillée au sol, elle tremblait, ses bras enroulés autour de sa tête, comme pour se protéger des monstres qu'elle voyait déferler tout autour d'elle. Sa respiration était haletante, ses yeux écarquillés mais fixés dans le vide, figés dans la terreur. Chaque bruit, chaque mouvement dans la pièce semblait la faire tressaillir, comme si elle s'attendait à être attaquée d'un instant à l'autre.

Incapable de violence, même dans cet état de confusion, tout son corps trahissait un unique instinct de survie : se protéger, fuir tout ce qui l'entourait. Elle n’avait pas la force de se défendre, son esprit complètement paralysé par la terreur. Amalea ne cherchait qu’à se faire aussi petite et invisible que possible, se blottissant contre les objets les plus proches, comme un enfant terrifié face à un cauchemar insurmontable. Ses mains se crispaient autour de son corps, tandis que des larmes involontaires coulaient le long de ses joues, marquant son impuissance à affronter cette réalité déformée par son esprit troublé.

[Athis]

Osian blêmit immédiatement aux paroles d'Athis, ses traits se figeant de stupeur face à l'ampleur de la catastrophe qui se dévoile. Son regard oscille entre les lumières vacillantes du couloir et la détermination affichée par sa nièce. D'un geste brusque, il attrape son bras et l'entraîne dans le bureau adjacent, fermant rapidement la porte derrière eux.
— Il n'y a pas de temps à perdre, murmure-t-il, les yeux scrutant la pièce à la recherche d'une solution immédiate.
Il ouvre un placard en acier et en sort deux masques respiratoires, les manipule avec l'efficacité d'un homme accoutumé à ce genre de protocoles d'urgence. Il en place un avec soin sur le visage d'Athis, ajustant les sangles derrière sa tête. Ses mains tremblent légèrement, signe de la pression qui pèse sur lui, mais sa voix reste ferme.
— Je vais mettre l'aile en quarantaine, annonce-t-il en activant l'interrupteur d'une petite console sur le bureau. Je vais faire passer le message pour que tous les générateurs d'appoint soient activés. Il faut qu'on renforce l'éclairage autant que possible. Aucun coin d'ombre ne doit subsister, absolument aucun.
Il prend une inspiration mesurée, visiblement agité malgré son masque, puis pose une main rassurante sur l'épaule de sa nièce.
— Personne ne doit quitter cette aile, et surtout, personne ne doit s'éloigner des zones éclairées. Va transmettre tes informations, et garde bien ton masque.

Athis, sentant l'urgence dans les gestes de son oncle, se laissa guider avec docilité. Elle le suivit dans le bureau adjacent, ses yeux scrutant la pièce avec une attention accrue. Lorsqu'il lui posa le masque respiratoire, elle ne résista pas, laissant Osian ajuster les sangles avec soin.
— Merci, mon oncle, murmura-t-elle, sa voix légèrement étouffée par le masque. Je vais aller à l'accueil pour bloquer les accès et informer le personnel de la situation.

Elle prit une profonde inspiration, sentant l'air filtré par le masque, puis posa une main réconfortante sur celle de son oncle, sentant la tension qui l'habitait toujours.
— Nous allons surmonter cette crise ensemble. Je vais m'assurer que personne ne quitte cette aile, et avertir tout ceux que je rencontrerai de ne pas s'éloigner des zones éclairées.
Elle se redressa, toujours sa ne lueur de détermination dans les yeux.
— Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider. Mais mon oncle, surtout, je vous en prie, faites attention à vous...
Elle se retourna vers lui une ultime fois dans un clin d'oeil complice. Vous en faites pas pour moi, je vais gérer !

[Yiajmhat]

Chaque pas qu'ils faisaient vers la sortie semblait augmenter son désespoir, ses yeux cherchant désespérément une sortie, tandis que ses mains cherchaient encore à s'accrocher à une réalité qui lui échappait. Au moment où la porte claqua et que la lumière du couloir balaya la scène, elle s'immobilisa, comme foudroyée par une lueur d'espoir. De la lumière ... il fallait beaucoup de lumière.

Et la lutte d'avoir duré un temps interminable, tandis que les secondes égrenaient leurs ombres difformes sur le sentier cahoteux de leurs hallucinations communes. Hallucinations partiellement chassées par le halo lumineux que le néon grésillant au devant forçait dans les recoins plus sombres du corridor. Zak'm prit une profonde inspiration, rassemblant toutes ses forces afin de ramener son cœur affolé à un rythme plus acceptable, d'aucuns prétendront moins douloureux. Sa poigne était si fermement cloîtrée sur ces liens anarchiques qu'il avait enroulés autour des mains de l'infirmière qu'elle devait assurément sentir les fourmillements désagréables de l'ankylose. Se retournant vers elle désormais que les créatures semblaient appartenir aux coins noirâtres de son champ de vision, le vothian cherche à lui emprunter le scalpel avec prudence. Conscient que son état est amplement plus concernant que le sien, le basané tâche de prêter attention à tout geste brusque qu'elle saurait encore fomenter sous son nez lorsqu'il approche sa main de l'instrument unique de sa protection.

— Je vais devoir vous confisquer ceci tant que nous ne sommes pas sortis d'affaire, vous comprenez que ces hallucinations vont tous nous rendre dangereux si nous agitons des objets tranchants à tort et à travers... Souvenez-vous, ces choses ne sont pas réelles. Restez sous le néon et par pitié n'en bougez pas.

L'idée qu'un potentiel intrus malveillant ne s'attaque à la structure électrique de l'hôpital ne manque pas de lui raidir l'échine d'une crainte viscérale : celle de devoir se confronter cette fois sans issue aux monstruosités que l'obscurité abrite comme une couveuse à horreurs. Si cette jeune femme s'était attaquée à un patient au point de l'éviscérer peut-être, une coupure de courant saurait faire se retourner toute personne libre de ses mouvements contre son prochain. S'attaquer à ces scientifiques qui étaient certainement chasse-gardée par la majorité des docteurs de cet étage réservé se montrait ainsi bien plus simple à effectuer à travers un massacre généralisé par l'abattement de ces lumières salvatrices. Tout du moins, le vothian se devait essayer de trouver un éventuel panneau électrique à cet étage pour s'assurer que rien ni personne ne s'y attaque. Peut-être ses comparses y auraient d'ores et déjà songé, auquel cas il ne ferait que les retrouver pour partager ses informations. Sur cette bouffée de volontarisme, il tente de pousser l'infirmière à s'installer sous le halo clair sur un siège vide comme ceux qu'ils avaient quittés l'instant d'avant et la laisse défaire lentement la blouse retenant ses mains en étau.

— Ne bougez pas, lui répète-t-il en s'éloignant dans le couloir en direction d'un hall quel qu'il soit.

La saccade des néons lui comprime le thorax à chaque passage de l'un à l'autre, car les griffes décharnées n'ont jamais véritablement quitté les parois déformées par les projections ombreuses si bien qu'elles lui font presser le pas. Murmurant un mantra sans même réaliser qu'il s'adonnait exactement au même rituel que sa partenaire abandonnée sur les rangs vides de l'étage, il darde chaque docteur, aide-soignant, garde-malade qu'il rencontre en craignant qu'ils ne s'attaquent à lui ou pire... qu'ils ne dévoilent leur véritable visage d'atrocité indicible. Et ce faisant, ne manque-t-il pas de leur conseiller de faire une chose, une seule, vitale : allumer chaque applique, augmenter l'intensité de toute lumière à disposition, et rester dans leur rayon. En quête d'une indication quelconque qu'un panneau électrique se cache derrière un battant de porte, d'un sigle rappelant la présence d'un disjoncteur à proximité, Zak'm fait courir ses prunelles verdâtres dont l'écrin étréci opprime leurs pupilles alertes sur les murs.

N'importe quoi qui puisse assurer la bonne continuité de cet éclairage devenu désormais une affaire de vie ou de mort.

[Comète]

Les efforts de Keith pour contenir les délires d'Amalea font chou blanc. Et alors qu'il relève la tête, tentant encore et toujours de garder les idées claires malgré l'obscurité qui l'assaille, il apperçoit Imann, investi d'une folie sanguinaire et surtout armé d'un scalpel, s'élancer vers lui avec toute la furie d'un dégénéré.

Le docteur Carlyle est désemparé. Son inexistante aptitude au combat, couplée au flou psychique tentant de détruire ses barrières mentales, il déduit la fuite comme sa seule issue possible. Jetant ce qui lui tombe sous la main en direction du maître patîssier, il tente de gravir les literies en quête d'un endroit sûr.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

N'importe quoi qui puisse assurer la bonne continuité de cet éclairage devenu désormais une affaire de vie ou de mort.

Une partie du personnel, terrassée par les mêmes hallucinations cauchemardesques, se comportait de manière erratique. Certains étaient figés dans des postures de terreur, leurs yeux écarquillés fixant le vide, marmonnant des choses incompréhensibles, perdus dans un abîme psychologique. Quelques-uns couraient sans but, fuyant des créatures invisibles qui n'existaient que dans leur esprit affolé. La panique se lisait sur leurs visages, et leur désorientation génère une explosion de violence causée par une terreur partagée, sans objet réel. Certains se battent avec des ennemis absents, d'autres entre eux.

Mais tous n'étaient pas aussi profondément affectés. Ceux qui semblaient moins touchés, ou dotés d'une force mentale plus robuste, prenaient en main la situation avec un semblant de lucidité. À l'appel de Zak'm et de son conseil de rester dans la lumière, ils réagissaient de manière pragmatique. Des infirmières et aides-soignants s'activaient autour des panneaux électriques secondaires, rallumant chaque source de lumière qu'ils trouvaient. Les lumières baissées pour la nuit se rallumaient dans un cliquetis salvateur, chassant les ombres distordues qui hantaient les recoins des salles et des couloirs.

On allumait des lampes portables, des projecteurs d'urgence étaient déployés, et l'ambiance dans ces couloirs autrefois lugubres commençait lentement à reprendre une forme de normalité. Le plus gros de la commotion se trouve toujours dans les chambres, où les patients hurlent.