[CAMPAGNE] L’éclat des lames et l’ombre des intrigues

[Dahey]

Il fallut beaucoup de patience à Eirene pour sortir Hugo de son état de stress et sans lui opposer le moindre contact physique le faire escorter lui aussi à la baie médicale.

[Malheur]

Kaito se tenait immobile, les yeux fixes sur le corps du maître d'arme étendu devant lui. Le silence s'était installé dans la grande salle, à peine troublé par les dernières braises du chaos qui se dissipaient dans l'air vicié par la peur et l'odeur métallique du sang. Il n'avait pas bougé depuis que Gunmar, son vieux tuteur, avait pris ce coup fatal pour protéger le comte Dorian Varykino. Un homme pour lequel son mentor, sans hésitation, avait donné sa vie.

Le cadet de la maison Lycaeus, s'agenouilla et resta interdit. Doucement ses mâchoires se serrèrent pour contenir des émotions qui paraissaient monter en lui comme une marée. Revenir de Ginaz pour perdre ainsi celui qui lui avait pour ainsi dire tout enseigné. La dépouille de celui qui avait tant compté, qui lui avait inculqué l'art de maîtriser à la fois l'épée et le cœur, gisait désormais sans souffle. L'acte de Gunmar n'était pas un acte d'héroïsme flamboyant, mais un devoir silencieux et impérieux, imprégné de cette retenue propre à la Maison Lycaeus.

Autour de Kaito, la panique s'était éteinte, mais lui restait captif de cette scène, comme s'il assistait à une dernière leçon que son maître d'arme venait de lui transmettre sans mots, par son ultime sacrifice.

Il ferme les yeux un instant. Peut-être cherchait-il dans les profondeurs de son esprit l'équilibre qu'on lui avait enseigné. La maîtrise. La tempérance. Les valeurs de sa maison, incarnées par sa mère. Lorsqu'il les rouvrit, il ne paraissait pas l'avoir trouvée. Seule demeurait la douleur aiguë de la perte qui rougissait ses yeux. Il déglutit pour ravaler ses émotions. Kaito n'était pas homme à donner sa peine en spectacle.

Le calme et le silence qui s'étaient abattu, contrastait terriblement avec la confusion d'un monde où les alliances changeaient comme le vent, où la loyauté pouvait coûter la vie.

Kaito ne bougea pas d'un iota, sinon pour laisser son regard balayer sans but la grande salle, s'accrochant brièvement sur la silhouette de son épouse. Ses yeux se posèrent sur son père, dans une supplique muette. Mais sûrement n'était-il pas dupe de faux espoirs, car ses yeux retombèrent immédiatement sur le corps sans vie, dont il saisit une main pour la presser de toute la force de son affection. Sa pudeur lui interdisait davantage que ce geste.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Fin de l'animation