[CAMPAGNE] L’éclat des lames et l’ombre des intrigues

[Karasu]

Soren laisse glisser le corps inerte de l'assassin qui n'est pas près d'émerger dans un coin de la pièce tout en activant son communicateur.

-" Bandit numéro deux à terre. HS pour un moment. Planqué derrière le gros pot de fleurs à gauche de l'entrée. Je passe à la numéro trois. Lieutenant Gunnar. Terminé. ".

Il fixe cette fois son attention sur la deuxième de ses cibles dont il a suivi le déplacement le plus régulièrement possible pendant sa première intervention. Il remonte par l'extérieur de la pièce pour redescendre dans son dos en détaillant précisément la position de ses mains, l'élément le plus dangereux. Il guette l'instant opportun puis accélère pour venir la percuter dans le dos en lui saisissant les chevilles. Quand elle s'aplatit au sol, il pose son pied sur ses fesses et remonte les deux jambes à la verticale pour déboiter (ou fracturer suivant son degré de laxité) les fémurs. Puis il se met à genoux sur elle, les deux genoux sur ses coudes pour empêcher tout mouvement de ses bras.

-" Bandit numéro trois à terre. Je la maintiens sous contrôle. Je suis au milieu de la pièce de réception. Bandit abîmée, incapable de se mouvoir seule mais vivante. Pour encore un moment. Lieutenant Gunnar. Terminé. ".

Il s'adresse à la femme sous lui, passant le kinjal devant les yeux.

-" N'aggrave pas ta situation. Parce que si tu n'y mets pas de bonne volonté, je ne vais pas te tuer mais je vais te faire trèèès très mal. On se comprend ? ".

[Encres Nomades]

[...]

La salle de réception, autrefois fastueuse et remplie de rires et de musiques, se transforme peu à peu en une scène de chaos organisé alors que les agents de sécurité prennent le contrôle de la situation. Les invités sont rapidement escortés vers les sorties, leurs protestations mêlées de confusion étouffées par l'autorité implacable des gardes. Personne n'est autorisé à revenir dans la grande salle, chaque tentative de revenir sur ses pas étant aussitôt bloquée. Les gardes forment un mur humain, ordonnant calmement mais fermement l'évacuation.

[...]

Non loin de là, Siltaar et Eirene, toujours en surveillance de l’homme aux mille bagues, voient arriver un groupe de gardes qui les soulage enfin de leur fardeau. Le conspirateur, solidement maîtrisé, est emmené, ses mains liées. Alors qu'il passe près d'eux, son regard se fige dans une haine brûlante, dirigée sans équivoque vers le ventre arrondi de la Comtesse Nyrion. Il devient évident que sa cible était Elara elle-même, ou plus précisément, son enfant à naître. La Comtesse, les larmes aux yeux, traverse la pièce d'un pas hésitant pour rejoindre Siltaar. Avec une émotion débordante de reconnaissance, elle prend ses mains et les embrasse, incapable de dire quoi que ce soit, mais transmettant dans ce geste toute sa gratitude.

Lorsqu'enfin Siltaar et Eirene sont déchargées de leur guet vigilant par les gardes accourus en renfort, la Musicienne se rehausse sur ses appuis. Mutique, la réflexion contrariée froissant son front penché et souillant sa lippe d'une moue crispée, elle s'attarde à réajuster les pans dérangés de son kuraïmoiré. Si la rumeur du chaos s'essouffle à l'orée de son oreille saturée de bruit, elle n'en demeure pas moins alerte. Relevant le nez sur cet aparté songeur, elle se fait surprendre par l'abordage d'une Elara émue jusqu'aux larmes qui, malgré le flottement de sa foulée qui réduit la distance entre elles, la rejoint pour lui attraper les mains avec une spontanéité qu'elle jugerait de candide. Cependant que le contact charnel de ces doigts tremblants autour des siens provoque un léger recul de ses épaules raidies et une résistance à peine voilée de ses mains tentant de s'échapper, Siltaar chuinte doucement à l'attention de la jeune noble.

— Allons, madame la Comtesse. Calmez-vous. fait-elle, ses pouces heurtant nerveusement les geôlières de chair. C'est terminé. Son regard divague vers le faciès de son époux, avant de revenir se percher sur les perles céruléennes d'Elara. Vous-... Ne craignez plus rien. Souhaitez-vous que-... Je vous accompagne jusqu'à la baie médicale ?

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Bientôt, ils s'engagèrent dans l'atmosphère plus apaisée des couloirs des sous-sols, malgré l'agitation du centre médical. Surtout, immense soulagement, Orla et les enfants étaient bien en sécurité. Caelum et la petite diplomate se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Athis le serrait de toutes ses faibles forces, les yeux fermés.
— Caelum, cette fois c'est terminé, tout va bien aller, tout va bien aller...
Puis elle sourit à l'attention de Keith, libérée du fardeau de l'inquiètude.

« Vous comptiez sur moi pour vous faire un rapport des événements de la Grand-Salle. Eh bien sâchez simplement que c'est la Bérézina. Tout ce qu'il m'a été possible de constater, c'est que les feux d'artifices ont tourné au cauchemar et qu'il règne un désordre sans précédent dans tout le palais. Avant que ne se déclare ce tumulte, six femmes de votre École ont pénétré la structure sans annonce, ni escorte. L'Adjoint Gunnar m'a interrogé pour tenter de comprendre pourquoi l'on avait tenté de vous enlever vous et Sélune. Et j'avoue ne pas avoir le moindre indice sur la question. Quelle que soit la suite des événements, je refuse catégoriquement que nous soyons séparés. »

Orla, qui discutait à voix basse avec Salistra dans le petit salon, lève la tête en entendant Athis approcher. Sans attendre, elle se lève doucement et s'avance vers la jeune femme, un sourire apaisant aux lèvres.

— Athis, ne t’inquiète pas, Caelum va bien. Sa voix est douce et rassurante, cherchant à calmer l'inquiétude d'Athis. — La médecin Suk l’a examiné, il est juste un peu secoué. Il dort profondément maintenant, tu peux le laisser se reposer.

Orla pose une main légère sur le bras d’Athis, un geste bienveillant, avant de tourner son attention vers Keith, qui commence à lui raconter ce qu'il a vu et vécu dans le chaos de la salle de réception. Ses sourcils se froncent peu à peu, un signe de son inquiétude grandissante. Elle écoute attentivement, analysant chaque détail avec la précision d'une politicienne rompue aux intrigues de palais.

— Les femmes de l'Ordre étaient effectivement attendues, commence-t-elle, visiblement soucieuse. — Mais elles n'étaient pas connues de la Révérende Mère Beatra, et elles n'avaient formulé aucune autre demande que celle de pouvoir assister à la soirée. Salistra et moi nous en méfions, bien sûr. Son regard se fait plus perçant, comme si elle cherchait à deviner une intention cachée derrière les actions de ces mystérieuses invitées.

Lorsque Keith mentionne le chaos qui a suivi l’incident du feu d’artifice, Orla se redresse légèrement, un éclat d'alarme dans les yeux. — Est-ce qu'il y a eu autre chose que l’incident du feu d’artifice ? Depuis quelques minutes, tout le monde semble en état d’urgence. Est-ce qu’il y a eu des blessés ? Elle cherche à comprendre l’ampleur de la situation, inquiète de ce qu’elle n’a pas encore entendu.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Il s'adresse à la femme sous lui, passant le kinjal devant les yeux.

-" N'aggrave pas ta situation. Parce que si tu n'y mets pas de bonne volonté, je ne vais pas te tuer mais je vais te faire trèèès très mal. On se comprend ? ".

— Allons, madame la Comtesse. Calmez-vous. fait-elle, ses pouces heurtant nerveusement les geôlières de chair. C'est terminé. Son regard divague vers le faciès de son époux, avant de revenir se percher sur les perles céruléennes d'Elara. Vous-... Ne craignez plus rien. Souhaitez-vous que-... Je vous accompagne jusqu'à la baie médicale ? [/justify]

La femme sous Soren ne semble même pas surprise d'être violemment plaquée au sol. Son rire éclate, hystérique, résonnant dans la grande salle de réception vidée de ses convives. C'est un rire sinistre, perçant, comme si elle trouvait la situation terriblement ironique ou jouissait d'une folie désespérée. Le son rauque et déstabilisant s'intensifie alors que Soren maintient ses genoux fermement appuyés sur ses coudes, les empêchant de bouger. Le kinjal, brillamment tranchant, danse devant ses yeux, mais cela ne semble qu'amplifier son hilarité dérangée.

La femme continue de rire, ses yeux écarquillés fixant un point au-delà de Soren, comme si elle voyait quelque chose que lui ne percevait pas. Elle ne répond pas, ni par défi, ni par crainte. Ses lèvres se plissent en un sourire tordu, et le rire dément ne cesse qu'à l'arrivée de renforts. Des gardes, l'arme à la main, s'approchent prudemment. Ils échangent un regard avec Soren, hochant la tête avant de prendre la femme en charge. D'autres gardes récupèrent l'assassin inerte que Soren avait laissé dans un coin, soigneusement dissimulé derrière le pot de fleurs. Les deux suspects sont menottés avec précaution, emmenés à l’écart. Malgré les protestations incohérentes et les rires sporadiques de la femme, les gardes restent fermes, conduisant les deux captifs hors de la pièce.

Peu à peu, le calme revient. Le bourdonnement des murmures apeurés et des cris de panique des invités s’éteint progressivement alors que la salle de réception est complètement évacuée. Le silence plane, seulement rompu par quelques chuchotements étouffés. Ne reste plus dans la salle que le Comte Dorian, soutenu par sa famille, la Maison Lycaeus, et la famille Nyrion.

Dame Elara, toujours tremblante, est en pleurs dans les bras de Siltaar. La Comtesse Nyrion tente de se contenir, mais son visage est inondé de larmes alors que Siltaar murmure doucement à son oreille, essayant de la réconforter. La sécurité autour d'eux s'active encore, l’effervescence se calmant lentement alors que des ordres sont donnés pour assurer la sécurité et organiser la suite des événements. Le choc des événements est palpable dans l’air, malgré le retour à un semblant de normalité.

Le Comte, bien que stabilisé, semble encore faible, son regard absent. Ses fils sont à ses côtés, veillant sur lui avec une gravité inhabituelle pour leur jeune âge. Kaeda et Osian Lycaeus échangent quelques mots à voix basse, visiblement touchés par la mort de Gunmar.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

La sécurité s'approche du Comte Dorian Varykino, l'air grave, pour lui faire leur rapport. Le Comte, affaibli mais toujours déterminé, écoute attentivement, son regard scrutant chaque détail. Une fois leur compte rendu terminé, il s'exclame, sa voix faible mais teintée d'une autorité indéniable :

— Nous suspections qu'il y aurait une tentative de déstabilisation après l'accord passé avec Ginaz, mais ces attaques n'ont... que peu de sens. D'abord Dame Salistra et sa femme, ce qui viserait directement votre Maison, ma chère Kaeda. Mais les autres victimes… Il prend un moment pour respirer profondément avant de poursuivre, sa voix légèrement tremblante mais avec la clarté d’un chef habitué à gérer de grandes tensions. — L'un était le maître diplomate de la Maison Almera, l'autre était la conseillère financière principale de la Maison D'Auria, qui me demandent toutes les deux déjà des comptes. Enfin, cette… scandaleuse tentative à mon égard. Ce n'est pas juste nos deux Maisons qui sont attaquées, mais visiblement tout notre petit coin des Faufreluches… et cela ne peut pas être une bonne nouvelle.

Le poids de la situation pèse sur lui alors qu'il s'arrête un instant, son regard devenant distant. Il semble mesurer les implications de chaque attaque, tentant d'y trouver un schéma ou une explication. Puis, se tournant vers sa femme, Dame Althea, il prend un ton plus directif, bien que son épuisement transparaisse.

— Althea, mets tous nos meilleurs diplomates en contact direct avec les Maisons touchées. Nous devons éviter une escalade. La sécurité doit interroger les suspects arrêtés immédiatement, sans relâche. Quant aux cadavres, et toutes preuves disponibles… qu’on les envoie au laboratoire. Je veux des réponses.

Il tape légèrement du poing sur l'accoudoir de son fauteuil pour marquer sa résolution, malgré la douleur qui se lit brièvement sur son visage. Les mots résonnent dans la pièce, et l'atmosphère tendue ne fait qu'accentuer la gravité de la situation. Cependant, lorsqu'il se tourne vers Kaeda Lycaeus, l’expression de Dorian devient plus préoccupée. Son regard se fixe sur elle, comme s’il y cherchait une confirmation tacite de ses craintes.

— Pour qu’une attaque de cette ampleur soit menée avec autant de précision, il faut que notre ennemi soit haut placé… Sa voix se fait plus grave, presque murmurée, comme si les mots eux-mêmes étaient lourds de sens. — Jusqu'à quel point l'accord avec Ginaz aurait-il pu contrarier les grands de l'univers ?

Le silence s'installe dans la pièce, le poids de cette question suspendu au-dessus des têtes présentes. Le Comte Varykino semble soudain conscient que cette situation dépasse peut-être les simples rivalités locales ou les querelles familiales. Ses soupçons, qu’il tente de masquer, trahissent une crainte bien plus profonde : celle d'avoir peut-être touché des intérêts bien plus vastes que prévu. Kaeda, impassible à l’extérieur mais attentive, perçoit l’inquiétude du Comte. Elle acquiesce lentement, les sourcils légèrement froncés. Elle aussi sait que la Maison Lycaeus pourrait être liée à des intrigues bien plus dangereuses que ce qui se profile à première vue.

Une tempête approche, et chacun semble en percevoir l'ombre menaçante.

[Athis]

Orla, qui discutait à voix basse avec Salistra dans le petit salon, lève la tête en entendant Athis approcher. Sans attendre, elle se lève doucement et s'avance vers la jeune femme, un sourire apaisant aux lèvres.
— Athis, ne t’inquiète pas, Caelum va bien. Sa voix est douce et rassurante, cherchant à calmer l'inquiétude d'Athis. — La médecin Suk l’a examiné, il est juste un peu secoué. Il dort profondément maintenant, tu peux le laisser se reposer.
Orla pose une main légère sur le bras d’Athis, un geste bienveillant, avant de tourner son attention vers Keith, qui commence à lui raconter ce qu'il a vu et vécu dans le chaos de la salle de réception. Ses sourcils se froncent peu à peu, un signe de son inquiétude grandissante. Elle écoute attentivement, analysant chaque détail avec la précision d'une politicienne rompue aux intrigues de palais.

Athis laissa le petit Caelum repartir dans des songes qu'elle espérait le moins troublés possible, avant de poser une main sur celle d'Orla. Puis elle se leva, le coeur encore plein d'émotions diffuses et ne pu s'empêcher de serrer Orla dans ses bras un court instant. Geste inédit, à la mesure de l'exceptionnel ambiant, mais venant du fond de son coeur.
— Orla... j'ai eu tellement peur pour vous aussi. Je suis heureuse, si heureuse, vous êtes là, avec le petit...
Puis elle relâcha son étreinte, laissant dame Orla continuer à oeuvrer pour déjà, comprendre et démêler les sombres machinations qui se dessinaient, sans doute au plus haut des puissants. Le chantier serait immense mais pour l'heure, Athis se laissa aller doucement au sommeil aux côtés de Caelum, épuisée.

[Comète]

Orla pose une main légère sur le bras d’Athis, un geste bienveillant, avant de tourner son attention vers Keith, qui commence à lui raconter ce qu'il a vu et vécu dans le chaos de la salle de réception. Ses sourcils se froncent peu à peu, un signe de son inquiétude grandissante. Elle écoute attentivement, analysant chaque détail avec la précision d'une politicienne rompue aux intrigues de palais.

— Les femmes de l'Ordre étaient effectivement attendues, commence-t-elle, visiblement soucieuse. — Mais elles n'étaient pas connues de la Révérende Mère Beatra, et elles n'avaient formulé aucune autre demande que celle de pouvoir assister à la soirée. Salistra et moi nous en méfions, bien sûr. Son regard se fait plus perçant, comme si elle cherchait à deviner une intention cachée derrière les actions de ces mystérieuses invitées.

Lorsque Keith mentionne le chaos qui a suivi l’incident du feu d’artifice, Orla se redresse légèrement, un éclat d'alarme dans les yeux. — Est-ce qu'il y a eu autre chose que l’incident du feu d’artifice ? Depuis quelques minutes, tout le monde semble en état d’urgence. Est-ce qu’il y a eu des blessés ? Elle cherche à comprendre l’ampleur de la situation, inquiète de ce qu’elle n’a pas encore entendu.

Le docteur Carlyle hausse rapidement les épaules, l'air navré.

« Pardonnez-moi Madame, je n'ai rien vu de ce qu'il s'est passé à l'intérieur de la salle de réception après le départ des feux. Tout était encore très calme lorsqu'on m'a escorté depuis la grand-salle jusqu'à l'Adjoint Gunnar. Quand le désordre a pris place, je me suis noyé dans la foule et un agent de sécurité nous a mené jusqu'à l'ascenseur. Des blessés, oui, sûrement. La baie médicale était encore en pleine effervescence lorsque nous avons été conduits jusqu'ici. La situation n'est pas anodine et nous devons nous montrer prudent. » Il regarde autour de lui et plus bas : « Vis-à-vis de tout le monde. »

[Yiajmhat]

Jardins partiellement carbonisés, pièce principale marquée par les stigmates sanguinolents de ces attaques coordonnées, cordon de soldats évacuant la grande salle afin que les invités soient séparés des têtes pensantes de chaque famille assaillie, la soirée s'était conclue sur un chaos effarant. Le marbre souillé de rubis et de sauce au passage paniqué des convives ayant entraîné malgré eux quelques plats dans leur chute allait certainement désespérer les serviteurs cantonnés aux cuisines et ailes réservées aux employés de maison. Lorsque Zak'm et Dearbhail pénètrent de nouveau dans le hall comme exsangue de sa substance joviale, la pesanteur des messes-basses et graves conversations noue brièvement l'estomac aride de tout repas de l'étranger dont l'expression asymétrique trahit le sentiment mal aisé. Voilà à quoi ressemblait le véritable visage de la politique des Faufreluches de laquelle il avait pourtant tragiquement réchappé déjà. Le veston jeté négligemment sur l'épaule pare bientôt le dos droit du réfugié que l'adrénaline quitte brusquement pour ne laisser dans son sillage que la langue algide humectant son échine. Inhabitué au climat tempéré de Moenia et ses lunes, la fraîcheur relative le saisissait avec plus de virulence passé l'effort avorté et la trace du sang ennemi sur le bleu sombre de son costume n'allait plus choquer qui que ce soit, désormais.

Quelque chose ou quelqu'un interpelle sa compagne dont il sent la prise contre son avant-bras amolli près de son flanc, l'invitant à la suivre bien qu'il se prépare à quitter la salle pour rejoindre solennellement le reste du contingent. Il bifurque et emboîte le pas à Dearbhail dont le pas délicat avale les mètres les séparant de la Marquise Lycaeus et son consort s'apparentant de façon troublante à celle du vothian, à une palette de couleurs près. D'autres membres de la Maison côtoient le couple régnant afin d'en protéger les intérêts, si bien que Zak'm ne s'en rapproche guère, loin d'avoir reçu la bénédiction de leur réseau encore. Le souffle court face à l'animosité qui battait encore allègrement sous son sternum après l'erreur coûteuse de la garde des lieux, il arbore un faciès fermé, sourcils bas et glabelle plissée, revisitant le souvenir des crimes dont il a été témoin. Il n'aspirait plus qu'à rentrer, laisser le bagage de l'agacement sur les pontons bientôt pris d'assaut et retrouver son fils dont il était le portrait craché.

Autour, l'on spéculait sur le devenir du Comte Varykino dont il cherchait le plus jeune fils — avec qui il avait sympathisé en amont du banquet — du regard, en vain. Certainement au chevet de son père qui tout juste blessé, qui dans un état critique selon les commérages incertains. Une chose était claire : la mort de Gunmar, le maître d'armes de la Maison Majeure, touchait nombre des hauts placés de la cérémonie. Un tel rang était une responsabilité dont le vothian connaissait la solennité, l'importance et le prestige pour en avoir côtoyé toute sa vie durant. Et s'il ne portait guère Ginaz dans son cœur au regard de la concurrence évidente de son ordre à leur égard, il ne pouvait les destituer de leur compétence et leur professionnalisme. Un soupir, chargé du dépit de l'étranger, épate momentanément ses narines d'un feu froid. Ne leur restait plus qu'à se rassembler et quitter Moenia, emportant dans leurs besaces les menaces pesant elles aussi sur la Maison de Lykos.

[Encres Nomades]

[…]

Peu à peu, le calme revient. Le bourdonnement des murmures apeurés et des cris de panique des invités s’éteint progressivement alors que la salle de réception est complètement évacuée. Le silence plane, seulement rompu par quelques chuchotements étouffés. Ne reste plus dans la salle que le Comte Dorian, soutenu par sa famille, la Maison Lycaeus, et la famille Nyrion.

Dame Elara, toujours tremblante, est en pleurs dans les bras de Siltaar. La Comtesse Nyrion tente de se contenir, mais son visage est inondé de larmes alors que Siltaar murmure doucement à son oreille, essayant de la réconforter. La sécurité autour d'eux s'active encore, l’effervescence se calmant lentement alors que des ordres sont donnés pour assurer la sécurité et organiser la suite des événements. Le choc des événements est palpable dans l’air, malgré le retour à un semblant de normalité.

Le Comte, bien que stabilisé, semble encore faible, son regard absent. Ses fils sont à ses côtés, veillant sur lui avec une gravité inhabituelle pour leur jeune âge. Kaeda et Osian Lycaeus échangent quelques mots à voix basse, visiblement touchés par la mort de Gunmar.

Patiente, Siltaar soutient la Comtesse Nyrion. La jeune noble presque effondrée contre elle, la Dame de compagnie n'a d'autre alternative que de contenir, par le murmure de palabres apaisantes, la tempête assourdie de ses pleurs. Et cependant que ses bras l'entourent avec réticence pour en bercer le corps tremblant d'un élan gauche, elle porte l'attention de son regard sur la vaste salle de réception, désormais désertée de sa somptueuse assemblée d'invités. En lieu et place, des verres brisés, des plats renversés... Et là-bas, sur le dallage autrefois immaculé, des traces de sang. Ses prunelles furètent jusqu'à la physionomie du Comte Varykino, blessé et trônant pourtant, digne, sur un fauteuil ; et sur la Marquise Lycaeus, entourée de son époux et de ses fils aînés.

Le discours d'ouverture de leur hôte, un discours prônant l'amitié, la prospérité et la promesse d'un avenir bâti sous de meilleurs auspices, s'était vu, ce soir, balafré par tout un jeu d'intrigues et de complots visant à déstabiliser les premières fondations d'une alliance dont le ciment était encore frais. Que leur réserveraient les prochains jours, semaines et mois à venir ?

Siltaar dodeline du chef, comme pour appuyer le sombre épilogue qu'esquisse le fil brouillon de ses réflexions. Et dès lors que la Marquise ordonne la retraite de sa mesnie, l'Artiste s'excuse poliment auprès d'Elara Nyrion, non sans la saluer avec courtoisie, et se greffe, figure pâle et discrète, dans le cortège s'ébranlant vers la sortie.

[Karasu]

Des gardes, l'arme à la main, s'approchent prudemment. Ils échangent un regard avec Soren, hochant la tête avant de prendre la femme en charge. D'autres gardes récupèrent l'assassin inerte que Soren avait laissé dans un coin, soigneusement dissimulé derrière le pot de fleurs. Les deux suspects sont menottés avec précaution, emmenés à l’écart. Malgré les protestations incohérentes et les rires sporadiques de la femme, les gardes restent fermes, conduisant les deux captifs hors de la pièce.

Soren se renseignera sur les autres événements auprès d'un des gardes qui emmènent les deux prisonniers après avoir donné quelques détails.


-" Vous ferez gaffe, ils ne tiennent plus debout : jambes cassées ou déboitées. Et attention a cette salope, elle a peut être encore du poison sur elle, idem pour le distingué. Par contre, est-ce que vous avez choppé la troisième saloperie ? La femme en robe violette ? ".

Puis quelque soit la réponse, il repart en direction du fond de la pièce en réajustant son uniforme, très probablement un peu désordonné voire déchiré et tâché de sang. Il se placera face à la marquise, ignorant superbement toutes les autres personnes présentes (et en particulier les gens ne faisant pas partie de la maison Lycaeus dont il semble se ficher comme d'une guigne) et la saluera d'un geste raide et plein d'énergie, comme à son habitude, présentant ses respects sans chercher à modérer le volume de sa voix.

-" Lieutenant Soren Gunnar, de la sécurité intérieure, à vos ordres madame la marquise !".